Laisser son enfant partir en vacances avec l’autre parent

Laisser son enfant partir en vacances avec l’autre parent © Sergey / AdobeStock.com

Il y a souvent un risque de conflit entre des parents séparés. Dans le cas des familles binationales en particulier, le souhait d'un parent de partir en vacances avec son enfant dans son propre pays d'origine peut engendrer des craintes et une grande incertitude.

Peur et incertitude

Madame R. est une Suissesse de 32 ans. Avec Monsieur F., qui est Marocain, ils ont un fils âgé de 4 ans. Depuis deux ans, ils vivent séparés. Monsieur F. voit son enfant un week-end sur deux, mais l’enfant ne passe pas la nuit chez lui. Il souhaiterait maintenant partir en vacances 4 semaines au Maroc avec son fils et visiter sa famille. Madame R. tombe des nues lorsqu’elle apprend cela. Elle se demande si le père pourra s’occuper de son fils, car il ne le voit que toutes les 2 semaines depuis la séparation. Plus elle y pense, plus elle craint qu’il ne rentre plus du Maroc avec l’enfant.


Classer ses propres peurs

Les femmes et hommes qui sont séparés ou divorcés et qui avaient une relation binationale avec leur partenaire ont plus souvent peur de laisser partir leur enfant dans le pays d’origine de l’autre parent que des parents de même nationalité. Que peut faire Madame R. ? Elle demande conseil à un service spécialisé. Avec la conseillère, elles réfléchissent aux questions suivantes : qu’est-ce qui me fait peur ? Qu’est-ce qui déclenche mes craintes ? Ai-je des raisons objectives d’avoir peur ? Qu’est-ce qui est bon pour notre enfant ? Pourra-t-il profiter de ce voyage ? Quels aspects juridiques doivent être pris en compte ?

Madame R. a surtout peur que le père ne s’occupe pas correctement de son fils pendant les vacances et qu’il ait planifié de l’enlever. Cependant, il est clair que le père ne sera pas seul avec l’enfant au Maroc et qu’il passera la plupart du temps dans sa famille. Madame R. connaît la famille, l’ayant visitée autrefois, et sait que les parents de Monsieur F. aiment les enfants et feraient tout pour leur petit-fils. Il ressort aussi de l’entretien qu’elle était soulagée que l’enfant ne dorme pas chez son père, mais qu’il est temps de lui donner davantage de responsabilités dans ce domaine. Madame R. se rend compte qu’elle souhaite que son enfant ait un lien avec le pays d’origine de son père. Le fait de connaître la culture des deux parents peut être très important pour le développement de l’identité de l’enfant. Le voyage pourrait aussi renforcer le lien entre le père et son fils.

Madame R. est consciente qu’elle doit aussi laisser la possibilité au père de prendre davantage ses responsabilités pour l’enfant, ce qu’elle désire finalement. Elle décide d’accorder plus de temps avec l’enfant à son ex-partenaire. Mais elle continue à avoir peur qu’ils restent au Maroc.

Echanges et conseils

Lors de l’entretien, elle se rend aussi compte qu’une discussion avec le père de l’enfant pourrait créer une base de confiance saine entre eux. Cela signifierait cependant accorder davantage de droits au père et faire des compromis concernant certains principes d’éducation et valeurs. Madame R. décide de venir au service de conseil avec son ex-mari pour parler de ses craintes et lui demander quels sont ses désirs et idées en tant que père. Dans un entretien commun, tous deux expriment leurs craintes et souhaits et discutent d’éventuels compromis. La conseillère leur aide à rester focalisés sur l’enfant. Monsieur F. informe qu’il souhaiterait participer davantage à la garde et prendre plus de responsabilités. Il accorde de l’importance à ce que l’enfant connaisse son pays d’origine et sa famille afin qu’il comprenne mieux son père et sa situation qui est peut-être différente de celle d’un papa Suisse ou de sa mère. Le fait que Monsieur F. soit surpris par rapport aux craintes de son ex-femme la rassure. Elle constate qu’en plus des peurs concernant le père, elle redoute aussi de ne pas voir son enfant pendant 4 semaines. Lorsqu’elle l’exprime, son ex-mari propose de skyper régulièrement avec elle pendant les vacances pour qu’elle puisse parler à l’enfant. Tous deux sont très soulagés et décident de discuter ensemble plus souvent.

Étude de cas de Frabina / Centre de conseil pour couples et familles binationaux / frabina.ch

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