Attentes des parents envers leurs enfants

Erwartungen an Kinder © Konstantin Yuganov - AdobeStock.com

« L’herbe ne pousse pas plus vite lorsque l’on tire dessus » (proverbe africain tiré du livre « Kinderjahre » de Remo Largo). Généralement, les parents s’adaptent automatiquement aux différents stades de développement de leur enfant. Ainsi, par exemple, une mère ne va pas dévaler l’escalier devant son enfant de 3 ans et s’attendre à ce qu’il suive son rythme. Elle va plutôt s’adapter à l’enfant et attendre patiemment. La mère pourrait pourtant le tirer en bas, il tomberait et éprouverait un sentiment d’échec, ou alors, par manque de patience ou de temps, le porter, ce qui ôterait à l’enfant une occasion de s’exercer.

Le quotidien offre de nombreuses et riches occasions de se développer sainement dans tous les domaines et l’enfant peut mettre à profit les opportunités de s’exercer, pour autant qu’on le laisse faire. L’encouragement des parents est en outre essentiel. A partir de l’âge de 4 ans, il n’est pas rare que les parents aient trop d’attentes par rapport à leurs enfants, notamment en ce qui concerne le fait de se montrer raisonnable et le comportement en société. En raison de l’acquisition précoce du langage chez l’enfant, les parents commencent tôt à expliquer les détails de la vie quotidienne. L’enfant ne comprend cependant que progressivement ce que cela signifie. Sur la quantité d’informations, seules celles nécessaires au stade de développement et aux progrès à venir dans l’évolution de l’enfant sont intégrées. On peut apprendre à un enfant de 4 ans à dire « pardon », mais on ne peut exiger de lui qu’il comprenne ce que cela signifie. L’enfant dit « pardon » pour faire plaisir aux adultes. A cet âge, l’enfant commence lentement à prendre conscience de la nécessité à s’excuser.

Jeu de rôle

Tous les nouveaux acquis du développement intellectuel sont mis à contribution dans le cadre du jeu de rôle. L’intérêt de celui-ci résulte du fait qu’il représente pour l’enfant un pont vers la réalité. Entre l’âge de 5 et 7 ans, il s’affine de plus en plus. Dans le jeu de rôle, qui se manifeste spontanément chez presque tous les enfants, la créativité enfantine et le développement sont stimulés de manière optimale par les caractéristiques suivantes :

  • apprendre la flexibilité dans les relations et développer le sens des relations avec les autres,
  • reconnaître que les autres font d’autres expériences,
  • être à même de supporter des sentiments désagréables pour favoriser une bonne entente,
  • régler des conflits,
  • comprendre et expérimenter les causes et les effets à travers des tentatives directes d’imitation d’actions quotidiennes et copier des espaces vitaux,
  • continuer à développer les compétences linguistiques.

Expériences d’apprentissage

Les expériences d’apprentissage devraient éveiller le plus de sens possibles chez l’enfant (tu trouveras ici des conseils pour une stimulation harmonieuse). Pour cela, différents matériaux sont appropriés tels que le tissu, les cartons, les boîtes de conserve, l’eau, les couleurs, le sable, ainsi que l’expression corporelle à l’intérieur et à l’extérieur, le fait d’écouter des histoires, les jeux de rôles, etc. Il y a des enfants persévérants qui s’attardent longtemps sur une activité, alors que d’autres ont besoin de changements fréquents. Il n’est pas toujours aisé d’évaluer le stade du développement de son propre enfant. En cas de doute, un entretien avec le pédiatre ou le psychologue pour enfants et adolescents peut contribuer à éclaircir la situation. En particulier lorsque l’on a le sentiment que les compétences de l’enfant le distinguent fortement des autres enfants de son âge, il est possible de l’aider en clarifiant celles-ci de manière ciblée pour élaborer un programme de stimulation adapté à l’enfant.


Développement de l'enfant

« Les enfants et les horloges ne devraient pas être remontés constamment. On doit aussi les laisser aller » (Jean Paul). Chaque enfant fait « tic-tac » un peu différemment et prend son temps pour se développer de manière optimale. Au départ, l’enfant n’a que lui-même comme point de repère et il croit que tout ce qui constitue son entourage a les mêmes facultés que lui. Ainsi, une table peut être méchante parce que l’on s’y est cogné. Dès l’âge de 4 à 5 ans, l’enfant est à même de comprendre que les autres ne ressentent pas toujours la même chose que lui et n’ont pas forcément les mêmes connaissances que lui. Il découvre que l’on peut tromper un tiers et il essaye de le faire aussi. Peu à peu, les personnages de contes de fées perdent pour lui leur caractère réel. Il commence à comprendre le lien de cause à effet. Les parents remarquent que l’enfant devient réceptif aux arguments rationnels.

Notion du temps

L’enfant a une perception du temps différente de celle des adultes. La notion du temps est influencée par l’intensité de l’occupation. Dans le cadre d’une expérience, on a proposé à des enfants en âge préscolaire de dessiner pendant 15 secondes des traits sur une feuille, à leur propre rythme. Ensuite, ils ont dû à nouveau dessiner des traits pendant 15 secondes à un rythme plus rapide que la première fois. Lorsque l’on a questionné les enfants pour savoir si, selon eux, ils avaient travaillé plus longtemps au cours de la première ou de la deuxième expérience, ils ont tous répondu que c’était lors de la deuxième expérience. Ils ont justifié leur réponse par le fait qu’ils avaient dessiné plus de traits que lors de la première expérience.

L’âge est assimilé à la taille. Ce n’est qu’à partir de l’âge de 7 ans que les enfants sont en mesure de faire le lien entre la naissance et la durée de vie, de comprendre que le grand-père est plus âgé que le père, même si le grand-père est plus petit. La compréhension du passé, du présent et de l’avenir se développe également dans la tranche d’âge de 4 à 8 ans. Un enfant de 4 ans a encore de la peine à saisir la signification du calendrier de l’Avent, il peut donc arriver qu’il ouvre toutes les fenêtres à la fois, non par opposition à vos instructions, mais parce qu’il pense que Noël viendra le jour même. La dimension temporelle d’un programme hebdomadaire reste aussi souvent difficile à comprendre, même pour un enfant de 8 ans.

Perception des figures et des motifs (perception des formes)

Les figures géométriques telles que le triangle et le carré sont reconnues tôt. Il est cependant plus difficile de les dessiner. Dans un premier temps, une figure comme l’étoile est représentée à l’aide de plusieurs vagues triangles. L’enfant est uniquement en mesure de retranscrire certains éléments (ici les pointes). Entre 4 et 8 ans, la représentation de l’être humain passe du « bonhomme têtard » à l’homme avec une tête, un tronc, des bras, des jambes et des pieds.

Notion des quantités

Deux points peuvent déjà être discernés par la plupart des enfants de 3 ans comme une quantité de deux. A 4 ans, d’un coup d’oeil, l’enfant est capable de percevoir trois points. A l’âge de 7 ans, l’image du dé à jouer avec les chiffres jusqu’à six est intégrée, sans qu’il soit nécessaire de recompter. Jusqu’à l’âge de 5 ans environ, un enfant affirme que lorsque l’on transvase un liquide d’un verre large dans un verre plus petit mais plus haut, il y a plus de liquide dans le verre étroit que précédemment dans le plus grand. L’enfant n’a pas encore la capacité de comparer la quantité avec la dimension du contenant. C’est la raison pour laquelle il parvient difficilement à évaluer quelle quantité d’eau le verre pourra contenir. A l’âge de 8 ans, cette notion ne pose plus de problème à l’enfant.

Caractéristiques d’objets

Généralement, l’enfant entre 5 et 6 ans a la capacité de classer différents objets par longueur, taille ou couleur. Les désigner est une autre affaire. Certes, l’enfant est en mesure de reconnaître les caractéristiques telles que anguleux / rond, long / court, haut / bas, large / étroit, mais n’est pas encore capable de les nommer.

Mémoire

L’apprentissage de la langue sollicite les performances de mémorisation les plus remarquables. Les enfants exigent que les adultes emploient exactement la même formulation à chaque fois qu’ils racontent des contes ou chantent des chansons. La répétition exacte procure un sentiment de sécurité et apaise le besoin d’exercice élevé. A l’âge de 7 ans, la capacité de mémorisation relative à ses propres expériences est encore très instable. Les questions influencées par les parents ou les besoins émotionnels de l’enfant peuvent générer des troubles importants de la perception de la réalité, sans que l’enfant en ait conscience. Ainsi, il peut être amené à dire des mensonges fantaisistes, qui ne doivent toutefois pas être considérés comme de la manipulation consciente.

Comprendre et accepter les règles du jeu

Vers l’âge de 4 ans et demi, la tolérance à la frustration augmente. Avant, l’enfant n’a pas la capacité de supporter l’échec, dans le cadre du jeu par exemple. C’est la raison pour laquelle il va tenter de reporter la faute de l’échec sur les circonstances (dé falsifié, frère méchant) ou d’influencer le jeu de manière à être lui-même le gagnant. Il n’agit pas intentionnellement dans le but de tricher, mais pour remettre simplement de l’ordre dans son monde. En général, ce n’est que vers l’âge de 6 ans qu’il parvient à entrer en concurrence avec une autre personne. Néanmoins, perdre dans le cadre d’un jeu reste encore très difficile entre 6 et 7 ans. Le fait de perdre est toujours vécu comme une atteinte à l’amour-propre et des réactions d’explosion de colère sont très fréquentes. => Apprendre à perdre en 4 étapes

Auteur: Dr Marie-Claire Frischknecht / Psychologue spécialiste en psychologie de l'enfance et de l'adolescence FSP / Rapperswil

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